Valérie GAVARET
Sophrologue à Fontainebleau

Norme AFNOR et certification

03/07/2023

Norme AFNOR et certification

Depuis août 2021, la norme  AFNOR NF S99-805 ‘Qualité de service du sophrologue’ définit ce que doivent être les accompagnements individuels et collectifs, les moyens employés, la formation des sophrologues, ainsi que la déontologie qui encadre la pratique de la sophrologie.

 

Objectifs :

- définir un niveau de qualité de service du sophrologue intelligible par tous, débarrassé de tout jargon professionnel.

- informer et rassurer les clients, particuliers comme professionnels, et les commanditaires potentiels

- (espérer) harmoniser les pratiques.

Cette norme établit donc un cadre de référence minimal sur lequel les différents acteurs de la profession sont parvenus à trouver un consensus. Et c’est bien tout.

 

C’est tout et pourtant ont commencé à fleurir des audits de certification proposés aux sophrologues afin d’attester qu’ils ou elles respectent bien les différents critères définis par cette norme. Super, me direz-vous, ça va dans le sens de la professionnalisation ! Cela dépend de quoi l’on parle. La norme, oui, assurément. Le travail qui a permis sa rédaction et les travaux à venir, qui présideront très probablement à son évolution, ont au moins eu le mérite d’asseoir les différents acteurs de la profession à une même table et de les faire dialoguer. Côté certification, c’est autre chose : ces certifications sont des produits vendus aux sophrologues par un organisme qui ne bénéficie d’aucune accréditation ni délégation des pouvoirs publics. D’ailleurs ce processus de certification ne concerne en aucune façon les pouvoirs publics – et pour cause : cette norme n’émane pas d’eux et n’a rien de réglementaire. Elle n’est donc pas contraignante. Ce processus de labellisation ne relève pas non plus d’un organisme certificateur indépendant, dépourvu de tout intérêt dans la profession et qui pourrait ainsi se prévaloir d’une certaine impartialité.

 

Imaginons néanmoins que je souscrive à l’une de ces offres de certification… Je vais constituer un dossier qui sera étudié par une commission des certifications, qui dépend, rappelons le, d’un seul des organismes représentatifs de la sophrologie. Celle-ci va décider des modalités de l’audit. Pour me préparer à cette certification, je peux opter pour une demie-journée de diagnostic, en distanciel, au prix de 150 €. Puis viendra l’audit lui-même, réalisé sur une journée… uniquement en distanciel aussi ! Il m’en coûtera 400 €. Pour deux ans. 200 à 275 € par an, donc, pour une certification qui ne garantit pas pour autant qu’une fois la certification en poche - et un joli logo apposé - ce qui est proposé dans l’intimité du cabinet ou le cercle fermé d’un groupe, est bien de la sophrologie. Et encore moins une pratique sophrologique qui fasse sens et reste centrée sur la ou les personnes concernées. Tant qu’il y a de la sophrologie dans l’accompagnement, rien dans cette certification ne garantit qu’on ne va pas se livrer à des mélanges du genre sophrologie et pierres de lune ou sophrologie et poudre de perlimpinpin. Rien ne garantit non plus que le ou la sophrologue conserve bien une posture sophrologique solidement adossée à un positionnement phénoménologique, alors même que cette approche philosophique constitue le socle de la méthode. Bref, une fois le certificateur – virtuel - reparti, aucune garantie de qualité de service réelle

 

Et si quelque chose cloche, que le ou la sophrologue vous vend autre chose que de la sophrologie, par exemple ? Eh bien n’espérez rien du côté de cette norme, la profession de sophrologue étant, hélas, toujours non-réglementée. Il n’existe pas non plus d’Ordre des Sophrologues auquel vous pourriez adresser un signalement. Donc même si votre sophrologue venait à perdre le précieux sésame en question, rien ne lui interdirait de continuer d’exercer – deux fois hélas. Concrètement, votre seul moyen de lui demander des comptes sur sa pratique – autrement dit sur ce qu’il ou elle vous vend comme service en relation d’aide - réside dans l’obligation, légale cette fois, faite aux sophrologues de souscrire à un dispositif de médiation à la consommation et d’en faire mention explicite en différents lieux, comme dans leur cabinet, sur leur site internet ainsi que sur leurs factures.

 

Mais puisque cette norme AFNOR existe, utilisons la ! Dans les billets à venir sur ce blog, je vous informerai des critères que contient la norme NF S99-805. Ainsi, vous pourrez observer si votre sophrologue la respecte. Et dans le cadre de relations B2B, vous verrez qu'il est tout à fait possible de rédiger un contrat de prestation de service en s’appuyant sur les termes de cette norme. Nous reparlerons donc de certification relative à cette norme le jour où elle sera éventuellement rendue d’application obligatoire par arrêté ministériel 1. Reste à savoir par quel ministre... La norme devra alors être accessible à tous et ce gratuitement, ce qui n’est même pas le cas pour le moment.

 

1. Décret n°2009-697 du 16 juin 2009 relatif à la normalisation - Article 17. 

https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000020749979

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